Parmi les jeux auxquels j’ai joué il y a quelques années, un en particulier reste d’actualité : Papers, Please. Ce jeu, à la fois politique, moral, éthique et déontologique, est un véritable chef-d’Å“uvre créé par un unique développeur de talent, Lucas pope.

L’action se déroule dans un univers fictif et dystopique, mais empreint de réalisme. Vous incarnez un garde-frontière posté entre deux pays, Arstotzka et Kolechia, des nations inspirées de l’ex-Union soviétique.

Votre mission est de vérifier, contrôler et déceler les fraudes et autres tentatives de passage clandestin à la frontière. Les premiers jours sont relativement simples : vous vérifiez la concordance des dates de naissance, des noms, ou encore les droits d’entrée dans le pays.

Mais rapidement, de nouvelles règles imposées par le gouvernement compliquent la tâche : de nouveaux documents à vérifier, des directives antiterroristes à appliquer…

Un jour, une femme vous supplie de la laisser passer. Elle est poursuivie par un groupe d’hommes qui veulent la tuer pour avoir fui une maison de passe. Elle laisse derrière elle sa famille, ses enfants.
Que faire ? La laisser passer au risque de ne pas gagner suffisamment pour nourrir votre propre famille et soigner votre femme malade ? Ce choix cornélien est l’un des nombreux dilemmes moraux que le jeu vous impose.

Le génie de Papers, Please réside également dans son système narratif.
Voir défiler toutes ces personnes, écouter des fragments de leurs histoires, les découvrir à travers des documents officiels ou non, mais surtout faire face au tableau des scores.

Chaque fin de journée, ce tableau affiche l’état de santé de votre famille, enfants, épouse, grands-parents, oncles et tantes, qui vivent tous avec vous dans un appartement fourni par l’État. Le principe est simple : chaque personne correctement contrôlée vous rapporte un peu d’argent, tandis que laisser passer un clandestin vous en fait perdre.

Voilà le dilemme ultime : sauver les autres ou voir le tableau des scores familial dépérir…

Papers, Please est un coup de génie, une œuvre magistrale du jeu vidéo, et surtout une critique virulente du totalitarisme.

En cette période politique troublée, il mérite d’être joué.