Le contrôle des données d’insertion et le suivi de l’évolution dans l’emploi sont des aspects cruciaux du système de certification professionnelle.
France compétences réalise ce travail, ce qui est positif puisqu’il s’agit d’une institution publique et non d’une structure privée susceptible d’avoir des intérêts particuliers.
Pour assurer ce suivi, France Compétences compare, entre autres, la qualification initiale, le dernier métier exercé, la situation après la certification ainsi que le nouveau métier du titulaire à 6, 12 et 24 mois.
C’est un travail important de veille et de remontée d’informations dans la gestion des données, surtout si l’on souhaite se conformer aux standards de France Compétences pour les dépôts et renouvellements, qui exigent un taux de 100 % de répondants.
Les sujets comme l’évolution de la rémunération sont souvent délicats à aborder. C’est pourquoi j’ai toujours utilisé plusieurs canaux pour ce type d’opération : questionnaires en ligne, analyse des CV et des profils LinkedIn, appels téléphoniques. C’est un travail fastidieux mais nécessaire.
Je m’interroge sur la question des nouveaux métiers ou de ceux qui ne correspondent pas à un marché en tension.
Il y a une véritable contradiction lorsque France Compétences pousse les organismes de formation à créer des certifications spécifiques à un geste métier, tout en exigeant, pour les titres certifiés, d’avoir deux promotions suivies à 6, 12 et 24 mois pour prouver l’utilité de la demande.
Si l’on regarde les délais, cela correspond à une ou deux années de promotions sans aucune certification à la clé, ce qui est difficile à commercialiser. À cela s’ajoutent le temps de suivi et d’élaboration du dossier de dépôt du titre certifié et les 9 à 12 mois d’instruction.
Au total, le processus peut prendre trois à quatre ans. En conséquence, les organismes, et c’est encore plus vrai pour les écoles, proposent des titres généralistes pour les utiliser sur de nombreux programmes et dispositifs de formation.
Je crois qu’il manque une voie qui corresponde à l’économie de la confiance qu’est le marché de la formation professionnelle continue.
On parle d’économie de la confiance car la logique « une formation = un emploi » ne peut être parfaitement respectée, tant les marchés sont dynamiques et organiques, et tant les entreprises et les métiers évoluent rapidement.
De plus, lorsque l’on parle de formation, il s’agit de trajectoires professionnelles avec des ratés, des échecs et des réussites à force de réorientation et d’accompagnement, tout ce qui fait que nous sommes des humains et non des machines.
Au final, j’apprécie particulièrement la logique de certification, j’aime élaborer des référentiels de compétences et d’évaluation. Mais je pense sincèrement que tout cela manque de souplesse.
C’est d’autant plus vrai quand on sait que les certifications peuvent être louées entre organismes sans aucune régulation, mais ça, c’est pour un autre post.