Cette question englobe parfaitement mes passions et compétences :

  • Le jeu vidéo et, plus largement, le jeu sous toutes ses formes, y compris le jeu de plateau
  • La pédagogie, la formation et l’enseignement
  • La liberté d’agir, de penser et d’être, en se positionnant face aux changements avec son libre arbitre

Des jeux commerciaux comme Papers, Please, This War of Mine, Not For Broadcast, We. The Revolution ou Kentucky Route Zero permettent, chacun à leur manière, au joueur de se mettre dans la peau d’un personnage ou d’explorer un système.

Par l’expérience, ils prennent conscience des failles et des problématiques morales et éthiques.

Pour moi, ces expériences vidéoludiques sont des vecteurs d’éducation populaire numérique et constituent un formidable levier pour le développement des consciences politiques.

En d’autres termes, vous pourriez passer des heures à regarder des documentaires sur Arte, ce qui est d’ailleurs tout à fait complémentaire, mais jouer permet d’incarner, de vivre, de s’immerger et donc d’expérimenter.

C’est cela qui ancre le ressenti et les connaissances d’une manière inédite.

Bien que cela ne soit pas entièrement comparable, il y a des années, l’un des principaux leviers de l’éducation populaire et politique était le théâtre.

Il me semble que le jeu vidéo s’en rapproche sans le remplacer.

Cela dit, ces jeux grand public restent avant tout des jeux, c’est-à-dire qu’ils privilégient la mécanique ludique sans forcément réfléchir aux compétences à transmettre.

Cependant, je ne serais pas surpris que, dans le document de conception de chacun d’eux, une réflexion profonde ait eu lieu sur la transmission des connaissances et sur le message. Mais il existe surtout des jeux spécialisés dont l’objectif principal est la transmission de compétences.

Je peux vous assurer que mes nombreuses années d’animation de formations sur des sujets complexes comme la stratégie d’entreprise, le management, l’accompagnement au changement, me confirment l’efficacité de cette approche.

Prenons la stratégie, une thématique particulièrement pertinente ici. Cette discipline et les compétences associées sont très difficiles à appréhender par une simple transmission de méthodes, de modèles ou d’études de cas théoriques. La meilleure façon de comprendre le sujet est de faire, d’expérimenter, et pour cela, rien de mieux que la simulation.

J’ai animé de très nombreux business games plus ou moins complexes, et j’en ai moi-même créé pour les besoins de mes formations.

J’en ai d’ailleurs parlé il y a un an sur LinkedIn : Voir l’article ici

À chaque fois, je constate l’intensité et l’efficacité de la démarche.

Le jeu vidéo, en impliquant l’utilisateur qui fait des choix individuels ou en groupe, fonctionne pour expérimenter et évite l’écueil de la logique académique consistant à apprendre par cœur pour prouver ses connaissances. En stratégie, il suffit de voir l’engagement des apprenants dès le deuxième jour, voire dès la deuxième heure de jeu, ainsi que les tactiques qu’ils mettent en place pour s’en rendre compte.

Alors oui, si l’esprit critique consiste à n’accepter aucune assertion sans questionner sa valeur, la pratique montre que cela est vrai pour les participants.

Ils seront certainement capables, d’après moi, d’éviter de calquer des modèles, qu’ils soient politiques, professionnels ou dans leur quotidien, sans les interroger pour les rendre efficaces et vertueux.